dimanche 4 avril 2010

le 10 mai à 9h: Ouverture du colloque et Séance Plénière (54, bd Raspail)

(9h-11h)
(salle 524 au 54, bd Raspail)
« Bienvenue » des organisatrices :
Stephanie Schwerter (EHESS /FMSH) et Jennifer K .Dick (EHESS)
et
Ouverture du colloque :
François Weil (Président EHESS) et Michel Wieviorka (Administrateur FMSH)

Séance Plénière :
Jean-René Ladmiral (Paris X)
« Sourciers et ciblistes, encore… »

BIO:
Jean-René Ladmiral: philosophe, germaniste, linguiste, traducteur et théoricien de la traduction. Après avoir enseigné à la Sorbonne et à l’Université de Heidelberg, il a fait de la recherche-action sur la psycho-sociologie de la communication dans les groupes bilingues (français-allemand). Ladmiral devient professeur à l’Université de Paris-X-Nanterre en 1968 où il y crée le Centre d’Etudes et de Recherches en Traduction (CERT). Actuellement, il enseigne la philosophie allemande, ainsi que la traductologie à Paris X et la traduction et la traductologie à l'I.S.I.T. (Institut Supérieur d'Interprétation et de Traduction) Pour une liste de publications, voir: http://www.u-paris10.fr/00334957/0/fiche___pagelibre/&RH=depphilorec

Pour plus (or Bios in English, or Deutch, click to see our posting on:) Invités d'honneur

le 10 mai à 11h30: Atelier I : Socio-linguistique et traduction : techniques et outils (54, bd. Raspail)

(11h30-13h)
Atelier I :
Socio-linguistique et traduction :
techniques et outils.
(salle 524 au 54, bd Raspail)

Présidente : Dinah Ribard (EHESS)
How many languages, how many translations? Peter Caws (USA/UK. The George Washington University)
Prouver au travers d’exemples la rapidité de l’évolution linguistique du français contemporain, causée par le grand nombre d’emprunts récents d’anglais en français. Myriam de Beaulieu (France. Interprète à l’ONU à NYC)
The Traduxio Project: Translating Cultural Texts. Philippe Lacour (Belgique. Université Libre de Bruxelles / Centre Marc Bloch Berlin)

Abstracts /Résumés/ Zusammenfassungen
How many languages, how many translations? By Peter Caws.
This paper addresses three questions: what linguistic competence is required for scholarship in the humanities, what use can be made of translations, and what can (and cannot) be learned from translations without a full knowledge of the source language. When Troubetzkoy wrote his Grundzüge der Phonologie he wanted an empirical base of 100 languages for comparative purposes. He admitted that he only knew 33, and had to have recourse to informants for the other 67. We may admire but need not envy such prodigious linguistic competence. Even Troubetzkoy needed a translator for the 34th language. If there are 6000 languages in the world the difference between not knowing 5967 and not knowing 5999 seems minimal. Nevertheless we rightly regard any monolingual scholar as linguistically deficient. Some might argue that sooner or later major texts become available in translation. If I can read Flaubert in the original, but not the Lady Murasaki, then I can read the latter only in translation. If there is no drawback to not knowing one language, why should there be any drawback to not knowing another? I distinguish three levels of textual linguistic competence, and argue that without competence at the highest level in at least one language other than that of origin the scholar cannot fully appreciate what is involved in translation, and what risks are run in depending on it. But there are also distinguishable levels of competence in translation, and much can be learned from comparing versions by different translators even with lesser competence in the source language. The minimal answer to the questions of my title is therefore, in each case, two. Between two and 33 there is room for debate. The questions are complementary, and the justification of these answers has implications for scholarship and for postgraduate education.


Prouver au travers d’exemples la rapidité de l’évolution linguistique du français contemporain, causée par le grand nombre d’emprunts récents d’anglais en français. Myriam de Beaulieu.
Il semble qu’il existe deux types contraires de phénomènes dans l’évolution d’une langue. Le premier phénomène est très lent: c’est le processus de formation des expressions idiomatiques, forgées au fil du temps, c’est le processus d’assimilation des emprunts, c’est la formations d’expressions propres à une langue. Et, à l’opposé, on constate aujourd’hui un deuxième phénomène, très rapide: l’apparition récente et en masse, d’emprunts anglais appelés « anglicismes ». On le constate dans différentes langues (russe,…), mais nous nous en tiendrons essentiellement aux anglicismes en français dans notre étude. J’essaierai d’expliquer des expressions en anglais et en français, issues d'emprunts ou non, apparues au fil du temps, en décrivant leurs origines culturelles possibles. Par exemple, les expressions idiomatiques « a white elephant » ou des emprunts « juggernaut » ou un « pundit » témoignent du passé colonial du Royaume Uni en Inde. En revanche, "être dans le pétrin » renvoie à la tradition culinaire française, et en anglais peut se traduire par « to be in hot water ». Il semble que pour ce pays insulaire qu’est la Grande Bretagne, l’ « eau » revient souvent dans les expressions idiomatiques. La tradition française du pain, expliquerait l’importance du pain dans les expressions idiomatiques françaises. J’essaierai d’expliquer un grand nombre d’expressions, en décrivant leurs origines culturelles possibles. Le but est de prouver qu’une langue évolue au fil des siècles et que donc, des emprunts en masse en un laps de temps très court, doivent inciter à la prudence et à la réflexion. Nous essaierons de comprendre les causes (en fonction des situations d'activité langagière notamment), et, nous essaierons d'expliquer les conséquences (idéologiques, culturelles...) de ces anglicismes récents et en masseau travers de nombreux exemples. Nous étudierons des cas ou la connaissance de l'anglais est indispensable pour rétablir la charge sémantique de l'énoncé francophone. Les exemples sont nombreux: "être sous contrôle" pour "être maîtrisé...", "booster" pour "relancer la croissance",... "vendre" une idée pour "convaincre"..., "politiquement correct" pour "de bon aloi/ton ou orthodoxe"...etc. Notre but est de favoriser une prise de conscience de ce deuxième phénomène parmi les locuteurs francophones pour qu'ils le maîtrisent et ne le subissent pas.


The Traduxio Project: Translating Cultural Texts. Philippe Lacour.
Application : http://traduxio.hypertopic.org/
Site d'information technique et générale : http://traduxio.sourceforge.net/
Présentation des partenaires : https://sourceforge.net/apps/wordpress/traduxio/
Traduxio is a free, open source, web based, collaborative, and computer assisted translation tool. It is developed with innovative technology (Translation Memory device) and especially designed to tackle the challenges of cultural (non commercial, non repetitive) texts. Inspired by the strong collaborative spirit of the Web 2.0, and available to different audiences, the software has the vocation to become a mechanism of general interest. It should thereby be a major mechanism in the promotion of the common good, guided by a logic of collaboration and mutualization (gradual feeding of the database). Ultimately, Traduxio is also designed to encourage the diversification of language learning (in particular the learning of a wider range of languages) and to promote a reappraisal translation (as a professional skill) especially in research activities. Traduxio uses Translation Memory technology in an alternative way. The originality of the software resides in certain of its functionalities – besides the already mentioned ones (freeware, open source, collaborative and designed to cultural texts). Whereas traditional TMs are limited to two languages (the source / the target), Traduxio enables the comparison of different versions of the same text. A translated text is in effect not considered as an independent segment, but rather as a version of the initial text in another language. Traduxio offers moreover a better management of the translation context, for proposes a contextualized classification of the source (i.e. classification of the text according to the history, genre, author, etc.). Thanks to this relevant classification device, information can be more easily assessed and treated, thereby helping users finding the appropriate translation for particular words, expressions, and so forth.

BIOS:

Peter Caws: studied physics in London and philosophy at Yale. His early work in the philosophy of the natural sciences was followed by specialization in continental philosophy, with major publications on Sartre (1979) and the structuralists (1988). Returning to the philosophy of science, but under a wider conception, he was instrumental in founding the doctoral program in the Human Sciences at the George Washington University, where he has been University Professor of Philosophy since 1982. He translated Bochenski’s Die zeitgenossischen Denkmethoden and articles on the translation of Feuerbach and of Wittgenstein. He has an abiding interest in the importance of good translations and the unhappy effects of bad ones. For more, see his University homepage, with complete listing of books plus a selected list of article publications.

Myriam de Beaulieu : née 1962. France. Interprète de conférence aux Nations-Unies, à New York (interprétation simultanée d'anglais en français et du russe en français) depuis 1993. Actuellement : doctorante de linguistique à l'Université d'Orléans sous la direction de Pierre Cadiot (dans le cadre d'un "congé" de recherche).

Philippe Lacour : Ancien élève de l’ENS Paris, Philippe Lacour est agrégé et docteur en philosophie (Université Aix-Marseille 1). Ses travaux portent sur la rationalité pratique, au croisement de la philosophie du langage, de l’épistémologie des sciences de la culture, et de la théorie du droit. Il est actuellement post-doctorant à l’Université Libre de Bruxelles (Centre de Théorie Politique) et rattaché au Centre Marc Bloch de Berlin. Il collabore à certains projets du laboratoire Tech-Cico de l’Université de Technologie de Troyes et s’intéresse à l’appropriation des nouvelles technologies par les sciences sociales et les humanités.

le 10 mai à 11h30: Atelier II : De l’usage de la traduction dans la culture de masses (54, bd. Raspail)

(11h30-13h)
Atelier II :
De l’usage de la traduction dans la culture de masses
(salle 241 au 54, bd. Raspail)

Présidente : Anne-Marie Thiesse (ENS)
Globalisierung vs. Länderspezifik im massenmedialen Raum. Die deutsche und französische Anzeigenwerbung der Gegenwart im Spannungsfeld von Standardisierbarkeit und Kulturspezifizität. Nadine Rentel (France. Paris IV / DAAD)
Traductions Sociales: le double défi du conflit des représentations. Salah Basalamah (Canada. Université d’Ottawa)
Chinese Subtitles Lost in Translation: Dubbing, loss of identity, multilingualism in post-colonial Chinese countries as a basis for identity. Henry Leperlier (France. Dublin Institute of Technology)

Abstracts /Résumés/ Zusammenfassungen


Globalisierung vs. Länderspezifik im massenmedialen Raum. Die deutsche und französische Anzeigenwerbung der Gegenwart im Spannungsfeld von Standardisierbarkeit und Kulturspezifizität. Nadine Rentel.
Der Bereich der Massenkommunikation umfasst viele Bereiche, z.B. Botschaften in Fernsehen, Radio, in der Presse oder im Internet. Die Werbekommunikation als Gegenstand der vorliegenden Untersuchung ist in diesem Kontext als ein Teilgebiet der massenmedialen Kommunikation anzusehen. Der Werbediskurs ist allgegenwärtig ist und berührt aufgrund der Kommunikation von Werten und Emotionen die interkulturelle Ebene in besonderer Weise. Werbekommunikation umfasst vier Formate: Anzeigen und Plakate im Printbereich, die Radiowerbung, Werbung im TV sowie die Realisierung in neuen medialen Gattungen, z.B. im Internet. Sie tritt somit in dynamisch-sequentieller Form (z.B. Fernseh- oder Kinospot) oder aber in statischer Form (Plakate oder Anzeigen) auf. Aus methodischen Gründen liegt der Schwerpunkt des Beitrags auf der Printwerbung. Ein Vergleich zwischen dem Werbediskurs in Frankreich und Deutschland erscheint aus mehreren Gründen relevant. Die interkulturelle Perspektive im Kontext der Analyse von Werbekommunikation geht davon aus, dass jede Form von Kommunikation kulturgebunden ist. Sie beschäftigt sich somit mit der Frage, ob es möglich ist, “globale” bzw. standardisierte Werbung zu betreiben, d.h. ein identisches Konzept in unterschiedlichen Kulturen zu verwenden, oder ob die Gestaltung von Werbeanzeigen kulturspezifische Besonderheiten berücksichtigt. Diese interkulturelle Fragestellung besitzt für die Werbetreibenden in Agenturen Relevanz, die Werbekampagnen für international (in diesem Fall in Deutschland und Frankreich) vertriebene Produkte und Dienstleistungen entwickeln müssen und sich daher als Spezialisten des deutschen und französischen Kulturraums ausweisen sollen. Bei der Konzeption von Werbekommunikaten müssen interkulturelle Unterschiede berücksichtigt werden, damit Werbung in einem international geprägten Kontext funktioniert. Es kann von entscheidender Bedeutung sein, sprachliche und bildliche Werbeaussagen adaptiv umzusetzen, das heißt kulturraumspezifische Besonderheiten im sprachlichen und/oder bildlichen Teil zu berücksichtigen, und nicht einfach 1:1 zu übernehmen oder zu übersetzen. Ausgehend von der Hypothese der kulturraumgebundenen Adaptation von Werbeanzeigen sind konkret zwei Fragen zu beantworten: Zum Einen muss geklärt werden, auf welchen Ebenen innerhalb der Werbeanzeige sich interkulturelle Unterschiede manifestieren (hierbei soll auch die visuelle Ebene berücksichtigt werden), bevor der Frage nachgegangen werden kann, welche formalen und sprachlich-stilistischen Merkmale (z.B. die Adressatenspezifik betreffend) sowie Kernaussagen (z.B. Herausstellen technischer Ausstattungsdetails vs. Ästhetik in der Automobilwerbung) charakteristisch für den französischen bzw. den deutschen Kulturraum sind und ob sich solche Merkmale überhaupt ausschließlich dem einen oder anderen Kulturraum zuweisen lassen. Die empirische Untersuchung basiert auf einem Korpus von jeweils ca. 100 deutschen und französischen Werbeanzeigen, die in den Jahren 2008 und 2009 in Publikumszeitschriften erschienen sind.



Traductions sociales : le double défi du conflit des représentations. Salah Basalamah.
Traditionnellement confinée dans le paradigme linguistique, la réflexion traductologique considère enfin aujourd’hui – et après plusieurs tournants déterminants de son évolution (Snell-Hornby) – le domaine des sciences sociales comme un espace d’élaboration privilégié pour la traduction comme concept à la fois opératoire et heuristique. De fait, suite aux déconstructions de Benjamin, de Barthes, de Foucault, de Derrida et de Paz (entre autres), l’auctorialité n’est plus cette instance romantique et exclusive de production de sens, mais bien plutôt la fonction dématérialisée et redistribuée qui se voit désormais concurrencée par le discours second, que nous appelons « traduction ». Traduire est donc non seulement la posture discursive fondamentale de l’individu participant dans les sociétés toujours plus hétérogènes, mais elle représente également la condition même de l’action communicationnelle qui met aux prises les groupes socioculturels en conflit. En somme, on ne peut espérer désamorcer les conflits de représentations actuels qu’en se donnant les moyens de penser le processus de traduction des cadres de références respectifs des acteurs sociaux impliqués. À l’heure des débats sur les accommodements raisonnables (Québec), le voile intégral (France, Canada) et les minarets (Suisse), la question identitaire s’impose comme un projet politique à contre-courant des évolutions sociales et en lutte avec les cadres juridiques et constitutionnels de nombre de démocraties. Du sentiment de rejet socio-économique à celui de la stigmatisation médiatique en passant par l’incompréhension ou – au mieux – le malentendu plus ou moins entretenu sur la reconnaissance citoyenne, les musulmans occidentaux (d’Europe et d’Amérique du Nord) s’interrogent sur les possibilités d’une intégration, cette fois-ci, symbolique et représentationnelle A) de l’environnement culturel dominant dans un système identitaire (musulman occidental) reterritorialisé, encore en élaboration et B) de leur cadre de référence en cours d’adaptation dans l’espace socioculturel plus large. Ainsi, que ce soit dans le sens « intra-communautaire » ou « inter-communautaire », la traduction sociale des représentations conflictuelles dans l’espace du discours, des images et des imaginaires se fait désirer. Or quelle est la légitimité de la pensée traductive à se préoccuper de questions sociales ? En quoi l’extension du champ d’intérêt de la traduction au domaine social peut-elle s’avérer porteuse d’un horizon conceptuel nouveau à la fois pour la traductologie et pour les sciences sociales ?

Chinese Subtitles Lost in Translation: Dubbing, loss of identity, multilingualism in post-colonial Chinese countries as a basis for identity, by Henry Leperlier.

This presentation will examine how dubbing in Hong Kong cinema imposed by regulations from Mainland China can serve to hide or even obliterate an original identity. A case in point can be made using the Johnnie To’s film, Breaking News /大事件. In Breaking News, Johnnie To presents us with a confrontation between the local Hong Kong police, speaking Cantonese and hostage taking gangsters who only speak Mandarin Chinese. Since China’s regulations prohibit the distribution and showing of films in Chinese Languages (so-called Chinese dialects), all the dialogue in the film is dubbed into Mandarin Chinese. This completely occults the linguistic divide between the police chief and the leader of the gangsters which turns very quickly into a symbolic battle of wits. It could be interpreted as a metaphor for the struggle between Hong Kongers striving to retain their identity after their return to China in 1997 by the UK government as both protagonists try, while trying to trick each other, to seduce their opponents. Another negative side of dubbing is the dubbing of Chinese Films into English: the popular historical martial arts film, Crouching Tiger Hidden Dragon, was dubbed into English for distribution in the West. In the Chinese speaking world, this film was the subject of considerable controversy since most actors, although having Cantonese as a mother tongue, spoke Mandarin with a strong Cantonese accent. Although many cinema goers were shocked to hear non-standard accents, it made realize part of the public that at the time of the film story, there were probably very few Mandarin Speakers who spoke, not only Mandarin, and if they did, it would have been with a strong regional accent. Finally, in Taiwanese cinema, an island state with three Chinese languages, Mandarin, Taiwanese / Minnan and Hakka. Practically all films, since the end of the 1990’s, portray characters who speak in any of these languages in accordance with their character or the given scene or setting. The problematics is that, contrary to what is sometimes done in some films in the west, subtitles practically never convey these linguistic differences (e.g. through differenct colours) which are essential in understanding not only the meaning but also the plot of movies such as Hou Hsiao-Hsien’s A City of Sadness. This film has dialogues or announcements in five languages: Classical Japanese, Modern Japanese, Mandarin, Taiwanese, Shanghainese.

BIOS:
Nadine Rentel : Après ses études en romanistique et en linguistique computationnelle aux universités de Duisburg et de Poitiers, Nadine Rentel a été responsable d’un projet de recherche avec le titre « Le discours universitaire allemand pour étudiants et chercheurs étrangers » à l’université de Duisburg. Depuis 2008 elle enseigne à l’université de Paris IV et coordonne le programme des lecteurs allemand en France au bureau parisien du DAAD. Ses recherches portent sur la linguistique comparée, le discours universitaire, la langue économique et le discours publicitaire.



Salah Basalamah : (Université d’Ottawa, Canada). Salah Basalamah est professeur agrégé à l’École de traduction et d’interprétation de l’Université d’Ottawa. Il est notamment l’auteur du Droit de traduire. Une politique culturelle pour la mondialisation, Presse de l’Université d’Ottawa et Artois Presses Université, 2009.



Henry Leperlier: Ceard-Teastas Gaeilge, has a D.U.E.L in English, German and Economics from the Université de Grenoble, a B.A. degree in Chinese Language, Literature and Civilization (Université de Montpellier), an MA and a PhD in Comparative Canadian Literature from the University of Sherbrooke, Québec, and a University Diploma in Chinese from the University of Montpellier. His MA thesis was on bilingual protagonists in the Canadian Novel; his PhD research focused on language planning while his dissertation was a comparative study of Canadian Science Fiction written in English and French. A former localisation software engineer, he is currently doing research in Chinese language cinema for a PhD in Chinese at the Université Lyon III. He speaks and writes fluent Breton, Irish and Spanish, has lectured in Spanish and taught German and Irish. He has a good to average knowledge of Dutch, Catalan and Swedish. Other languages include Russian, Finnish, Creole and Italian. In 1993 he was awarded the National Award for journalistic work from an t-Oireachtas (1993) for his articles in .

le 10 mai à 11h30: Atelier III : Traduire et interpréter l’Autre (54, bd. Raspail)

(11h30-13h30)
Atelier III :
Traduire et interpréter l’Autre
(salle 445bis au 54, bd. Raspail)

Présidente : Anne-Marie Picard-Drillien (AUP)
Penser la réception du néo-travaillisme dans la gauche socialiste française à l'aune du concept de traduction.
Thibaud Rioufreyt (France. Institut des Etudes Politiques, Lyon)
Power, Indigenous Language and Medical Interpreters in Northern Canada, 1930-1970. Myra Rutherdale (Canada. York University)
Bridging Cultures: John Reed’s Translation of Le Vieux Nègre et la Médaille. Felix Awung (Lesotho. National University of Lesotho)
Jacques Ferron – both writer and translator. Angela Feeney (Irlande. ITT, Dublin)

Abstracts /Résumés/ Zusammenfassungen

Penser la réception du néo-travaillisme dans la gauche socialiste française à l'aune du concept de traduction. Thibaut Rioufreyt.
Travaillant sur la réception du néo-travaillisme britannique dans la gauche socialiste, le programme lancé par Pierre Bourdieu sur la circulation internationale des idées constitue l'une des approches les plus fécondes[1]. Toutefois, certains postulats présents dans la théorie bourdieusienne et repris dans les travaux qui s'y réfèrent sont problématiques[2]. Partant de la thèse selon laquelle les mécanismes à l'oeuvre dans la traduction au sens le plus restrictif (comme opération de transposition du sens d'un texte d'une langue à une autre) sont analogues aux mécanismes à l'oeuvre dans la circulation internationale des idées, je me propose donc, à travers un cas empirique, d'opérer un examen critique de certains postulats bourdieusiens et de montrer la fécondité du concept de traduction pour y pallier. Ma contribution portera sur deux questions connexes : la sociologie des acteurs (pensés non plus comme des intermédiaires mais comme des médiateurs) et les logiques de réception d'une idée (en ne réduisant pas les discours au statut de support expressif des positions sociales).
[1] BOURDIEU Pierre, « Les conditions sociales de la circulation international des idées », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 145, décembre 2002, pp. 3-8.
[2] Voir notamment DEZALAY Yves & GARTH Bryant G., La mondialisation des guerres de palais. La restructuration du pouvoir d’État en Amérique latine. Entre notables du droit et « Chicago Boys », Paris, Le Seuil, 2002, et François DENORD, « Le prophète, le pèlerin et le missionnaire. La circulation internationale du néo-libéralisme et ses acteurs », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 145, 2002, p. 9-20. Voir également HEILBRON Johan et SAPIRO Gisèle, « Pour une sociologie de la traduction : bilan et perspectives », version anglaise parue dans WOLF Michaela (dir.), Construction a Sociology of Translation, Benjamins Press, 2007, pp. 93-107.

Power, Indigenous Language and Interpreters: Approaching Colonial Encounters In Canada’s North, 1930-1970 by Myra Rutherdale.
This paper focuses on the experiences of Aboriginal Canadian interpreters/translators who worked in tandem with doctors and nurses in Aboriginal communities across Canada’s north in the period from 1930 to 1970. In Translation and Power Maria Tymoczko and Edwin Gentzler recognize the powerful position occupied by translators in the colonial process, especially in the making of knowledge and the creation of colonial citizenship: “translation has been a key tool in the production of such knowledge and representations,” they argue. Yet, it was not always the colonizers who had the power and knowledge. On both sides of the colonial divide, the role of the interpreter was vested with power. Sometimes, in fact, Aboriginal interpreters determined the parameters of the working relationship. The paper will make three interrelated arguments. First, it is apparent that the doctors and nurses who attempted to introduce westernized medicine to Aboriginal patients were dependent upon Aboriginal interpreters to carry out their work successfully, a dependency that often went unacknowledged. Secondly, interpreters were the quintessential people in between two cultures, and as such often felt compelled to protect both their own people and the newcomers. For example, they often changed the meaning of the sometimes harsh words used by nurses and doctors. Thirdly, a new understanding of the relationship between interpreters and newcomers has the potential to dislodge the traditional binary between the colonizer and the colonized. The proposed paper casts light on the place of translation within colonial and post-colonial contexts in which “the other” was being constructed and reconstructed. This paper will bring to the conference perspectives on shifting power dynamics based on representations of power and language within the interpreter’s role in Canada’s far north.

Bridging Cultures: John Reed’s Translation of Le Vieux Nègre et la Médaille. Felix Awung.

The works of Ferdinand Oyono have become classics in the English speaking world thanks to translation. This demonstrates the enormous contribution translation can make and has made to literature in general and African literature in particular. However, even though much has been said and written about the success of these works, little credit has been given to the translators who have bridged the intercultural gaps to make these works available in English. It should be observed that translating African culture from one European language to another can be quite a challenging task, especially if the culture is foreign to the translator. This difficulty, as Bandia (1993) says, is due to the fact that cultural value systems are difficult to grasp as they are intricately woven into the texture of the native languages. Such a task is even more intriguing when dealing with African literature since the original text is in itself a form of translation, initially conceived in the African language of the author before being rendered into a European language. Looking at John Reed’s (1967) translation of Le vieux Nègre et la Médaille (1956), this paper seeks to examine how the translator has managed to overcome the obvious difficulties inherent in such a task, to pass across the cultural world view of Oyono into English. Given that literature portrays the norms, beliefs, and tradition of a particular society, the paper specifically examines the strategies used to translate the cultural bound terms of Oyono’s Bulu society into English. The questions that arise would seek to know the choices he makes, the reasons for them and how they conform to or conflict with relevant theories on the subject. Does the fact that he is working on what is already a translation make his task easier or more challenging? These are some of the questions this paper will be attempting to answer.
Jacques Ferron-both writer and translator, by Angela Feeney.
This paper proposes to examine issues of translation in the writing of Quebec writer Jacques Ferron. It is intended to examine the general issue of translation of his work into English against the backdrop of a French-English bilingual community. In addition this paper proposes to present Ferron as a translator within his own work and why he chose to act as translator and writer at one time. His work proves to be very interesting from the point of view of a writer himself translating across two ‘unequal’ cultures. In his novel ‘La nuit/ Ferron inserts a French translation of an English poem. In doing so, he draws the attention of the reader towards the act of translation itself and the role the translator plays in the transmission of culture. Ferron seems to force us to ponder such questions as what is the function of translation in a French-Canadian context and when translating what factors are at play in choosing what to translate and how to translate it. This aspect of Ferron’s writing is an excellent example of translation ‘within’. It is an excellent example of how writers can make comment on cultural issues not only through their writing but through the use of translation.

BIOS:

Thibaut Rioufreyt : Doctorant en science politique à l'Institut d'études politiques de Lyon, Thibaut Rioufreyt travaille dans le cadre de sa thèse sur la traduction du néo-travaillisme dans la gauche socialiste française. Ses recherches se trouvent ainsi à la croisée de la circulation internationale des idées, la socio-histoire des intellectuels, la sociologie du Parti socialiste et l'histoire des idées. Co-organisateur d'un séminaire de recherche intitulé sur « Perspectives critiques autour de la notion de champ dans la sociologie bourdieusienne » (http://triangle.ens-lsh.fr/spip.php?rubrique352), il a publié un article sur « Les mutations de la gauche contemporaine à l'aune du concept de social-libéralisme » (à paraître fin 2010 dans un ouvrage collectif sous la direction de Jean-Pierre Potier, Jacques Guilhaumou et Jean-Louis Fournier à ENS éditions, Lyon).


Myra Rutherdale: is an Associate Professor in the Department of History at York University in Toronto, Canada. She is the author of Women and the White Man’s God: Gender and Race in the Canadian Mission Field (2002). She co-edited Contact Zones: Aboriginal and Settler Women in Canada’s Colonial Past (2205) and edited Caregiving. On The Periphery: Historical Perspectives on Nursing and Midwifery In Canada (2010). She studies colonialism and is most interested in race relations in northern Canada, particularly relationships between Aboriginal people and newcomers to the north. Her particular focus is on Inuit interpreters.


Felix Awung: holds an MA in translation and currently teaches French language and translation theory and practice at the National University of Lesotho. He is also enrolled in a part–time PhD programme in translation studies at Wits University in Johannesburg, and his PhD focus is on the translation of African culture. Mr Awung has seven years of experience working as a language teacher/lecturer, and a freelance translator and interpreter. His preferred fields of research are cultural translation and sociolinguistics.
Angela Feeney: Lecturer in Humanities at the Institute of Technolgy Tallaght Dublin, Ireland, and a Member of the Franco-Irish Centre.

le 10 mai à 14h30: Atelier IV: Théories de la traduction : littérature, philosophie et socio-philosophie (54, bd. Raspail)

(14h30-16h)
Atelier IV :
Théories de la traduction :
littérature, philosophie et socio-philosophie.
(salle 524 au 54, bd Raspail)

Président: Pierre Judet de la Combe (EHESS)
Authoring Translations into Originals: The Accountability of Impossible Transmissibility in Expeditions of a Chimæra. Oana Avasilichioaei (Montreal, Canada. Auteur)
A Question of Timing: The “Last” work. (Barthes/Foucault). Kate Briggs (UK. Freelance translator)
Comment traduire Ronsard en allemand? Caroline Fischer. (France. Université de Pau)


Abstracts /Résumés/ Zusammenfassungen
Authoring Translations into Originals: The Accountability of Impossible Transmissibility in Expeditions of a Chimæra, by Oana Avasilichioaei.

Walter Benjamin believed that “the task of the translator consists in finding that intended effect [Intention] upon the language into which he is translating which produces in it the echo of the original” (“The Task of the Translator”). This is what conventional traductology or translation studies teaches. But the field of translation admits practices that challenge this definition of the translator's task. What happens if one begins to loosen that idea of original, what if original becomes an impossibility? Can intention be accessed or just reverberated? And how might the concepts of “essence,” “author,” “translator,” be disturbed in a book where the author and translator positions are enacted by the same person? In Expeditions of a Chimæra, Oana Avasilichioaei and Erín Moure engage with the materiality of three languages (English, Romanian and Galician), using the tenuous and unstable boundaries between these languages, and between author and translator, as its exploratory premise. In so doing, they create various speaking positions, or subjectivities, which can be produced and performed by either of them at any one time, insisting that “every creator is always a co-creator, every author a co-author” (Giorgio Agamben, Remnants of Auschwitz). Here, writing is fostered in an open space of crossings where not one author/translator stands alone but is multiplied, where “original” ceases to have its simplistic meaning, and where texts begin to generate not only other texts but their own authors. Basing some of its research on Expeditions, this paper will explore how translation does not necessarily uncover the “already-written,” but rather explores a multiplication or conflation of what is always “about-to-be-written,” therefore positing a translated work as, urgently and necessarily, an original work.

A Question of Timing: The “Last” work, by Kate Briggs.
The timings of translations can invent new chronologies for an author's body of work: in rare cases, an original and its translation are published simultaneously (see, for example, the current synchronized publication and English translation of Jacques Derrida's seminars), but generally speaking it is a condition of the process that the rhythm of translation will be out of step with the pace of publication. Often the delay or alacrity of a translation has as much to do with the vagaries of that process (the acquisition of rights, the availability of translators, etc.) as the nature of the text or the reputation of its author, yet the timing of translations clearly has a major impact on how a body of work is read. The resequencing of texts serves to repattern the narrative arc of an oeuvre, and while the original chronology can almost always be reconstructed after the fact, that repatterning – insofar as it shapes the reception of a text in a given linguistic and cultural context – is not easily undone. This is perhaps most obvious when it is a question of the timing of the publication of an author's last work: as Nathalie Léger puts it in her introduction to La Préparation du roman (2003), Roland Barthes's last lecture course at the Collège de France: 'C'est l'irruption de la mort, bien sûr, qui fait rétrospectivement du manuscrit de ce cours une ultime entreprise d'écriture et organise un destin.' I propose to explore these issues in relation to my own translation practice, since two recent projects have involved translating a final work or set of works: I am currently translating Barthes's lecture courses in the wrong order. Michel Foucault's Introduction à l'Anthropologie de Kant (2008) presents a particularly intriguing case, not only because here the last work (that is, the last of Foucault's works to be published in French and in English translation) is also the first (the book comprises Foucault's secondary doctoral thesis, an introduction to his own translation of Kant's Anthropology from a Pragmatic Point of View), but also because it explicitly sets out to establish an alternative time-line for Kant's oeuvre. The main focus of the proposed paper, however, is not the content of Foucault's thesis but the sequential difficulties it presented to its translators, a process that involved tracing and engaging in the construction of three translated (re-sequenced) chronologies: that of Kant's oeuvre in English and in French, and of Foucault's body of work in English.

Comment traduire Ronsard en allemand ? Caroline Fischer.
Ronsard, un des plus importants poètes français dont l’œuvre influencera de nombreux auteurs tout au long des siècles, dont Baudelaire, était pratiquement inconnu en Allemagne, faute de traductions de ses poèmes. Il n’existe qu’une traduction des Sonnets pour Hélène par Irene Kafka de 1923 (Munich : G. Müller) ainsi qu’un choix bien restreint des Amours (trad. Franz Fassbinder, Mainz : Churfürstenverlag, 1948), toutes deux, bien sûr, épuisées depuis fort longtemps et plutôt rares. Pour présenter le Prince des Poètes et Poète des Princes au-delà du Rhin, Georg Holzer a choisi d’abord Le premier Livres des Amours, publié en 2006 (Berlin : Elfenbein Verlag), pour enchaîner par Le second Livre. L’enjeu d’une telle traduction au début du 21e siècle dépasse largement les seules problèmes linguistiques, parce qu’il pose, en outre des difficultés que présente la forme rigide du sonnet, la question d’une forme adéquate qui peut faire passer ces textes auprès d’un public de non spécialistes. En plus, il a fallu déterminer des voies de diffusion, difficiles à trouver pour la poésie en générale et d’autant plus pour un auteur étranger inconnu d’une époque révolue.

BIOS:

Oana Avasilichioaei : Poète et traductrice (du français et du roumain vers l’anglais), Oana Avasilichioaei vit et travaille à Montréal. Elle a publié, notamment, les recueils de poésie Abandon (2005) et feria : a poempark (2008), une traduction de la poésie de Nichita Stănescu intitulé Occupational Sickness (2006), et un livre écrit en collaboration avec la poète canadienne Erín Moure intitulé Expeditions of a Chimæra (2009). Sa traduction du recueil de poésie Les Îles, de l’écrivaine québécoise Louise Cotnoir, sera publiée en 2011. Elle participe aux diverses activités littéraires et professionnelles au Canada, aux États-Unis, au Mexique et en Europe. (Click beige titles-links here to see/hear: 1) A Live reading from feria: a poempark and Expeditions of a Chimæra 2) Publisher author pages: Oana 3) Sample from current book in progress, We, Beasts 4) Sample video from Feria: a poempark 5) Two samples from Expeditions of a Chimæra on Jacket Magazine and on NYpoesi.)


Kate Briggs: a reçu son doctorat de l'Université de Sussex en 2005, et a été chercheuse postdoctorale en langues et littératures modernes au Trinity College, Dublin de 2005 à 2008. Actuellement résidente à Paris, elle prépare une traduction de Comment vivre ensemble, le premier cours de Roland Barthes au Collège de France, pour Columbia University Press. Elle est également traductrice de The Preparation of the Novel I and II de Roland Barthes (à paraitre chez Columbia UP) et de Introduction to Kant's "Anthropology" de Michel Foucault (The MIT Press / Semiotext(e): 2008), en collaboration avec Roberto Nigro.


Caroline Fischer:
études de littératures comparée, française et italienne à l’Université de Hambourg et à Paris III (licence). Freie Universität Berlin (maîtrise, doctorat). Professeur de Littératures française et italienne à l’université de Hambourg (2006-2009), et depuis 2009, professeur de Littérature générale et comparée à l’Université de Pau. Critique littéraire dans différents journaux et pour la radio. De nombreuses publications sur la littérature excitante, dont Gärten der Lust. Eine Geschichte erregender Lektüren (1997). La version française de la thèse d’HDR Der poetische Pakt. Rolle und Funktion des poetischen Ich in der Liebeslyrik bei Ovid, Petrarca, Ronsard, Shakespeare und Baudelaire (Heidelberg, Winter 2007) paraîtra en 2011 aux Editions Garnier ainsi qu’une édition bilingue du Werther. Directrice d’un projet de recherche trilatéral franco-italo allemand « Konzepte der Rezeption », financé par la MSH, la DFG et la Villa Vigoni.

le 10 mai à 14h30: Atelier V: Interculturalité et musicologie (54, bd. Raspail)

(14h30-16h)
Atelier V :
Interculturalité et musicologie.

(salle 445bis au 54, bd. Raspail)

Président : Esteban Buch (EHESS)
La traduction interculturelle dans la chanson : de Luther au 20e siècle. Philippe Desse (France. Compositeur. Collège Landowski)
Translating Jewishness: The Berlin and Kraków klezmer scene as a site of intercultural encounters. Magdalena Waligorska (Allemagne. European University Viadrina, Frankfurt)
Traduire le populaire poétique : Brassens en espagnol. Isabelle Marc Martínez (Espagne. Universidad Complutense de Madrid)

Abstracts /Résumés/ Zusammenfassungen
La traduction interculturelle dans la chanson : de Luther au 20e siècle. Philippe Desse.
Cette communication se propose de replacer les problématiques liées à la traduction dans une perspective interdisciplinaire nouvelle impliquant langue, littérature, civilisation et musique, à partir de chansons traduites. En effet, dès lors que l’on introduit la composante supplémentaire du langage musical, de nouvelles contraintes spécifiques apparaissent dans la traduction : métrique (respect des syllabes longues et courtes à caler sur les durées de notes adéautes), tons et accents à placer sur leur équivalent musical, difficultés engendrées par les langues « atones »… Contraintes restrictives ou porteuses d’un nouveau savoir-faire, d’un nouveau genre littéraire ou musical ? Cette question prend tout son sens, ne serait-ce qu’avec la traduction par Luther de la Bible gréco-latine en langue vernaculaire, à l’origine d’un genre musical inédit : le Choral, venant remplacer le chant grégorien en latin, moins propice au « calibrage » de la langue allemande. Favorisant l’émergence d’enjeux nouveau (chez Luther, volonté d’expansion religieuse), la traduction des chants constitue à d’autres époques un acte politique et culturel fort, mais non dénué d’ambiguïté : « l’importation » commerciale d’une chanson à succès traduite relève-t-elle d’une démarche protectionniste face à un éventuel impérialisme linguistique, ou bien le prépare-t-ell ? Puisque la musique constitue le « véhicule » de la traduction, on abordera en conséquence la massification du public destinataire de ces traductions, un public non plus limité à un cercle restreint d’intellectuels, mais s’étendant à la nation toute entière. A nouveau public, nouvelles exigences, qu’il convient de considérer soigneusement en cas de transplantation, surtout si la vision socio-culturelle du texte-source entre en conflict avec celle de la culture cible (exemple : la vision divergente de l’amour et des relations homme/femme selon les pays). Quel équilibre maintenir entre les désirs supposés d’un public qui n’adhérerait aux propos d’une chanson étrangère qu’au prix d’une conversion culturelle, et sa soif d’exotisme comblée par les stéréotypes habituels attachés à tel peuple ? Comment corriger un trop grand éloignement par rapport au texte-source ? (utilisation de paramètres plus ou moins exogènes à la traduction : maintien partiel de la langue d’origine, accent artificiel du chanteur, couleur locale assurée par l’aspect physique, les manières, l’habillement, instrumentation connotée…) Voilà donc quelques pistes de réflexion autour desquelles s’articulera cette communication en prenant pour exemple des chansons traduites allant de Luther jusqu’aux succès de la variété française contemporaine.

Translating Jewishness: The Berlin and Kraków klezmer scene as a site of intercultural encounters, by Magdalena Waligorska
The Berlin and Kraków klezmer scene as a site of intercultural encounters. Klezmer music, a folk genre of the Jewish communities of Central and Eastern Europe, has witnessed a dynamic revival in the last two decades. Making its way to world music festivals, clubs and discos, klezmer not only changed its original function (Jewish wedding music), but also became a transcultural phenomenon, performed mostly by non-Jewish musicians, and appealing to non-Jewish audiences. This non-Jewish appropriation of neo-klezmer provoked many controversies in Poland and Germany, with critics alarming about “virtual Jewishness”, “Jewish Disneyland” or even “cultural necrophilia”. Determined by appropriation, adaptation and cultural translation, klezmer music provides a contact zone for Jews and non-Jews, where new forms of transcultural performance, representations, discourse and identities are created. The klezmer revival not only inspires new ways of performing Jewish space, or Jewish body, but also generates a new kind of language, full of neologisms or mock-Yiddish expressions. The end-products of this translation, such as neue gojische Musik [new non-Jewish music] of the Bremen-based band Klezgoyim [goy being a Yiddish derogative for a Gentile], or the Cracovian “Chopin á la klezmer” represent the creolised, translated Jewishness, which is recognisable on a certain level to both Jews and non-Jews, but impossible to classify in a clear-cut dichotomy of Jewish vs. non-Jewish heritage. Selection, distortion and multivalent readings of klezmer made in Kraków and Berlin sometimes tend towards stereotyping and simplifications, but also reflect a desire to incorporate or “domesticate” the Other. Using postcolonial theories of contact zone, creolisation and cultural anthropofagy, I look at klezmer as a kind of creole language: basing on the building blocks of the Jewish tradition, but filtered through the sensitivity of non-Jewish Poles or Germans. I will illustrate the process of cultural translation on the klezmer scene not only with musical examples but also with visual and linguistic material.

Traduire le populaire poétique: Brassens en espagnol. Isabelle Marc Martínez.
Face aux soupçons d’impossibilité ontologique de la traduction, la traduction de chansons révèle à la fois l’extrême complexité des processus traducteurs dans les transferts culturels et leur viabilité pragmatique. En effet, dans le contexte des musiques amplifiées, considérées comme objets culturels et commerciaux, comme formes d’une nouvelle poésie populaire et médiatisée, les chansons constituent des textes hybrides où la musique, les paroles et la performance s’allient dans la construction du sens. Notamment, dans la chanson d’auteur, les paroles sont perçues comme de véritables textes poétiques, définis, en tant que tels, par leur poids sybmolique-sémantique et par leur littéralité et immutabilité. C’est pourquoi, la traduction de chansons a recours aussi bien aux mécanismes de la traduction audiovisuelle qu’à ceux de la traduction poétique. De la seule traduction de paroles, publiées sous forme de livre, à l’enregistrement d’une version librement adaptée, il existe des modalités différentes, affichant des stratégies et des skopos variables dans chaque cas. En sa qualité d’exemple proéminent de cette problématique générale, nous analyserons la réception /traduction /adaptation dans le contexte hispanophone de l’oeuvre de Georges Brassens, un des mythes culturels de la France du XXe siècle, Prix de la poésie pour l’ensemble de son oeuvre en 1967. Qui traduit Brassens en Argentine, au Chili ou en Espagne? Pourquoi ? Quel est le skopos idéologique, symbolique et commercial de ces traductions? Dans quelle mesure ont-elles remplacé l’original dans les versions à succès telles que « La tormenta » de Javier Krahe ou « La mala reputación » de Loquillo? Comment le public français perçoit-il les chansons de Brassens lorsqu’elles sont interprétées par Paco Ibáñez à l’Olympia? Quel est le poids de ces traductions dans la configuration symbolique, culturelle et identitaire des cultures d’arrivée? Nous nous interrogerons donc sur les enjeux des chansons en tant qu’objets traductologiques et en tant qu’éléments décisifs dans la construction des cultures populaires transnationales contemporaines.

BIOS:

Philippe Desse
: est professeur agrégé de musique et titulaire d’un D.E.A d’études germaniques, compositeur de musiques de scène (comédies musicales, opéras de chambre, etc.), membre du jury aux épreuves pratiques du CAPES, a participé à des émissions radiotélévisées. Domaine de recherches : interdisciplinarité langues/musique (allemand, anglais, latin, hébreu), application à la pédagogie des langues par le biais de la musique.

Magdalena Waligórska
: holds a PhD in history from the European University Institute in Florence, where, in 2009, she completed her dissertation on the klezmer scene in Kraków and Berlin. She is currently a research fellow of the Deutsches Polen Institut in Darmstadt and teaches at the Department of Cultural Studies of the European University Viadrina in Frankfurt (Oder). Her publications include, among others, articles in Osteuropa, Polish Sociological Review and Ethnomusicology. She is also the co-editor of Cultural Representations of Jewishness at the Turn of the 21 Century, forthcoming 2010.

Isabelle Marc Martínez
(Universidad Complutense de Madrid) : Diplômée de l’Université de Salamanca et de l’Écoles Supérieure d’Interprètes et de Traducteurs de Paris, docteur en Philologie Française par l’Université Complutense de Madrid où elle enseigne la Traduction depuis 10 ans, elle a publié un livre et plusieurs articles sur les enjeux poétiques et esthétiques du rap français. Par ailleurs, elle est traductrice éditoriale (+ de 18 ISBN) et traductrice assermentée. Ses thèmes de recherche sont la culture française contemporaine (musique amplifiées et roman) et la traduction.

le 10 mai à 16h30: Atelier VI : Traductions sociologiques (54, bd. Raspail)

(16h30-18h)
Atelier VI :
Traductions sociologiques.

(salle 524 au 54, bd. Raspail)

Président: Falk Bretschneider (EHESS)
Vom Königstor zu den königlichen Toren. Zur Übersetzung von Vergangenheit am Beispiel Königsberg-Kaliningrad. Katja Grupp (Allemagne, Université de Bielefeld)
Translation as paradigm in culturally diverse societies. Jonas Lillebø (Norvège. Université de Bergen)
Tönnies and Durkheim on moral and political obligation. A transnational interpretation of classical sociology. Nicola Marcucci (Italie. EHESS/ Università Milano-Bicocca)

Abstracts /Résumés/ Zusammenfassungen
Vom Königstor zu den königlichen Toren. Zur Übersetzung von Vergangenheit am Beispiel Königsberg-Kaliningrad. Katja Grupp.
Die Universitätsstadt Königsberg lag ganz am östlichen Rand des deutschen Reiches. Heute befindet sie sich im Westen Russlands und heißt Kaliningrad. Kann die Stadt, als kultureller Raum, transferiert werden? Was geschieht mit kulturellen Denkmälern der Stadt? In wie weit lassen sich Kultur-Zeichen über- bzw. neu besetzen? Kann anhand von Übersetzungen von einer Aneignung der fremden Kultur gesprochen werden? Ist die Bedeutung von Kulturdenkmälern an die Identität der Stadt gebunden? Kann sich in einer Übersetzung eine neue Identität formieren? Gibt es eine Unübersetzbarkeit des Ortes? Wie bildet sich die Identität des Ortes mit dem Einzug der neuen Bewohner, der neuen Sprache? Das kulturelle Gedächtnis, der Speicher von Geschichte und Geschichten bekommt durch die Neu/Umbesiedlung des Orts eine neue Bedeutung. Inwiefern diese Beispiele charakteristisch für die Übertragbarkeit von Bedeutung im europäischen Kontext sein könne, soll anhand von Beispielen überlegt werden. Ausgehend von der Idee des „kulturellen Gedächtnisses“ wird davon ausgegangen, dass Kultur als eine Sichtbarmachung von Codes verstanden werden kann (Lotman). Lotman spricht von der Semiosphäre. Die Codierung und Decodierung des (kulturellen) Raums wird hier als dynamischer Prozess verstanden. Der Bedeutungsraum ist mit einer Vielzahl an semiotischen Codes gefüllt, die sich zueinander verhalten (in asymmetrischen Machtpositionen zueinander stehen) und in einen Übersetzungsprozess treten. Bei der Verschiebung der intendierten Bedeutung von einer Sprache, einer Kultur in eine andere kann es zu „Übersetzungsfehlern“ kommen, so dass eine neue Bedeutung entsteht. Die Bedeutungsgenerierung wird als Zentrales Moment im Kommunikations-Prozess gesehen. Am Beispiel Königsbergs/Kaliningrads soll versucht werden die Übersetzung von (Kultur-) Sprache mit der Topografie des Ortes zu verknüpfen.

Translation as paradigm in culturally diverse societies by Jonas Lillebø
The paper aims to present some parallels between Paul Ricoeur’s understanding of translation between texts and languages, and problems in culturally diverse societies. In recent national and European approaches to cultural diversity the term interculturalism has been initiated, in a wide sense, as an attempt to rectify a political insensitivity towards the cultural background of its citizens, and to avoid the impasses in multicultural approaches by underlining once again the precedence of democracy, rule of law and human rights. However, as an analytical concept it still lacks an element that mediates between the cultural specificity and the universal norms and ideals. The concept of translation as it is developed by philosopher Paul Ricoeur in Sur la traduction might be a fruitful contribution to such a mediation. Here he proposes a displacement from a theoretical to a practical approach to translation. The theoretical approach to translation is concerned with the question if translation is possible and entails either the answer no, all languages are radically different, or yes, with a foundation in a common origin or a priori structures. The practice of translation on the other hand deals with the tension between treason and faithfulness to the reader and the author. The outcome of this tension is what Ricoeur calls“equivalence without identity”. The translation creates something which is the same as, but not identical with, the authors language. I aim to examine two things: how the problem of coexistence in culturally diverse societies requires a displacement, similar to what Ricoeur proposes in translation, from the theoretical question if we can live together to the practical question how are we living together. And secondly ask the question if a successful coexistence might be dependent on our ability to create types of “equivalence without identity”.

Tönnies and Durkheim on moral and political obligation. A transnational interpretation of classical sociology by Nicola Marcucci.
Historians have since long shown the weakness of the concept of “national tradition” regards the rise of sociology during the last part of XIX century. Raymond Aron’s opposition of French and German traditions, is put aside for new transnational approaches. But these kinds of approaches engender some issues.The comparison of Ferdinand Tönnies’ and Émile Durkheim’ theories of modernization could be really useful to enlighten this problematic. Even if their major works Gemeinschfat und Gesellschaft (1887) and De la division du travail social (1893) conceive modernization as a process opposing two different forms of social relation - wesenwille/kurwille; solidarité mecanique/solidarité organique - these concepts can’t be translated one into the other. This difficulty is not reduced by the commentaries that they both dedicated to their respective works (1889; 1896), emphasizing their theoretical differences but acknowledging the existence of a common historical realm.How to interpret these theories neither “obscuring” their common context nor “inventing” a comprehensive but a-historical – Parsons like - meta-language? My aim is to overcome this methodological problematic focusing my analysis on a common target of Tönnies and Durkheim’s books: the political theories of “obligation” and more specifically of contract and natural law theories. As well shown by the chapters dedicated on one side to the opposition of solidarité contractuelle et solidarité organique and on the other side to the Soziologische Gründe des Naturrechts, the moral and political problematic of obligation is a common preoccupation of both authors. Sociology seems to guarantee them a new epistemological realm for the study of political and juridical problems, but their solutions concerning the relation between the new science of society and classical political problems differ radically opening a passage for a transnational interpretation of the emergence of classical sociology.

BIOS:


Katja Grupp:
Kurzbiographie: 1993-2002: Studium der Slavistik, Osteuropäischen Geschichte, BWL und DaF in Bonn; 2002-2004: Dozentin für Deutsch als Fremdsprache in Köln; 2005-2009: DAAD-Lektorin in Kaliningrad, Russland. 2009 bis heute: Promotion an der Universität Bielefeld an der Fakultät für Linguistik und Literaturwissenschaft; Deutsch als Fremd- und Zweitsprache. Thema: „Kaliningrader Studierende sprechen Deutsch über Deutschland. Eine empirische Untersuchung zum Deutschlandbild russischer Studierender“. Betreuer: Prof. Uwe Koreik.

Jonas Lillebø
: est depuis l`automne 2008 Ph-D-student en philosophie à l`université de Bergen, où il fait une thèse sur des diversités culturelles en Norvège sous la direction de Professeur Paola de Cuzzani. Master en philosophie, 2007, sur la thèse Rationalité scientifique entre l`histoire et vérité. La notion de précurseur dans l`histoire de l`immunologie. Il a écrit des articles en norvégienne et en anglais sur Michel Foucault, Georges Canguilhem, Bruno Latour et Jean-Loup Amselle.

Nicola Marcucci est post-doctorant dans le département de Sociologie et Recherche Sociale de l’Université Milano-Bicocca et membre associé du GSPM de l’EHESS. Sa recherche concerne l’histoire morale et politique de la naissance de la sociologie en France et en Allemagne (1880-1915). Il a publié plusieurs articles en diverses langues concernant la philosophie moderne et contemporaine et l’histoire de la sociologie. Il a récemment codirigé, avec Luca Pinzolo, l’ouvrage Strategie della Relazione. Riconoscimento, transindividuale, alterità, Roma, Meltemi, 2010.

le 10 mai à 16h30: Atelier VII : Traduction et cultures théâtrales (54, bd. Raspail)

(16h30-18h)
Atelier VII :
Traduction et cultures théâtrales.

(salle 445bis au 54, bd. Raspail)

Présidente: Nicole Colin (Université d'Amsterdam)
Dance of the Seven Veils: Constructing the Subjectivity of the Masked Other in American Theatrical Culture. Drew Eisenhauer (USA. University of Maryland)
Les adaptations de V.I. Loukine et le statut de la traduction dans le développement du théâtre russe au XVIIIe siècle: enjeux et représentations. Carole Chapin (France. Université de Paris III)
Theater Übersetzen. Lisa Schell (Allemagne. Actrice. Théâtre de Düsseldorf)

Abstracts /Résumés/ Zusammenfassungen
Dance of the Seven Veils: Constructing the Subjectivity of the Masked Other in American Theatrical Culture by Drew Eisenhauer.

As Edward Said maintained, the West’s knowledge of the East is not derived from facts, but through “imagined constructs” of the East as antithesis of the West. One of these imagined constructs is the Western theatre visionary’s fantasy of escaping historical and cultural contexts and language differences by appealing to a “deeper” or more fundamental human expression—gesture— as it is represented in the ritual and drama of Eastern cultures. However, postcolonial scholars such as Rustom Bharuca have taken to task some of the major practitioners of Western theatrical theory and practice. Bharuca, for example, writes of Peter Brook's adaptation of the Mahabharata, that it "exemplifies one of the most blatant (and accomplished) appropriations of Indian culture,” a “reordering of non-western material within an orientalist framework …designed for the international market.” I am most interested in how Bhracua and other commentators discuss the appropriation by western theatre of gesture and movement. Of Grotowski, Bharacua points out his “use of Yoga and Kathakali exercises in his Theatre Laboratory was entirely pragmatic and non-reverential.” Of Richard Schechner, Bharcua warns, “The most virtuosic display of the gestures and movements in a ritual can be ultimately false if they are emptied of content…. Schechner seems more eager to synthesize underlying patterns of structure process in different performance traditions rather than to confront their individual histories.” Of course theatre visionaries from the 1960s were only continuing a tradition of orientalism that was already well under way on Western stages during the modern period. My own scholarship focuses on the emerging modernist theatre in the United States from 1900-1920, particularly in the work of such legendary groups as the Chicago Little Theatre, the Washington Square Players, and the Provincetown Players. Stylized movement in early modernist productions was often based on various misapprehended visions of the rituals of elementary and eastern cultures. Some productions of these groups were influenced by Max Rinehart’s oriental pantomime Sumurun (1912), such as Rita Wellman’s The String of the Samisen (1917), or on other eastern cultures such as modernist poet Alfred Kreymborg’s Lima Beans (1916), that the author termed “an inoffensive parody” of certain Balinese dances. Islamic culture was also mined for movement such as in the famous “Dance of the Seven Veils” from Wilde’s Salomé. A notable run by Italian actress Mimi Aguglia on Broadway in 1913 was covered by the young modernist writer Djuna Barnes, who satirized the histrionics of Aguglia’s “epic of undulating spaghetti, turmoil of tragic chiffon, [and] damp spurning feet.” Thus the paper will explore a wide range of what poses on the western stage for the translation of elementary and eastern ritual, but which are in fact deconcontextualized forms of movement conditioned by western ethnocentrism. The use of gesture is a semiotic pose—audiences and performers are led to believe that they are experiencing the language of another culture, but this is not in effect translation, not the uncovering of “pure language” as described by Benjamin. While individual instances of gesture in avant garde theatre may be useful as a political intervention, my paper will focus on how the loss of social context encourages the misrepresentation of gender roles, such as the orientalist notion that Eastern cultures possess an uninhibited sexuality, and how the loss of historical context blunts resistance to colonialism and will suggest more informed approaches to intercultural uses of movement in avant-garde performance.

Les adaptations de V.I. Loukine et le statut de la traduction dans le développement du théâtre russe au XVIIIe siècle: enjeux et représentations. Carole Chapin.

Retraçant l’histoire du développement du théâtre russe, on doit souligner l’importance du rôle du dramaturge et traducteur Vladimir Ignatievitch Loukine (Владимир Игнатевич Лукин, 1737-1794). Pourtant, on ne trouve qu’une pièce réellement originale dans toute son oeuvre, composée essentiellement de traductions, ou, selon sa formule « d’adaptations à nos mœurs » (« склонение на наши нравы»). La carrière de dramaturge de V.I. Loukine est marquée par le succès, en 1765, de la représentation de sa pièce Le prodigue corrigé par l’amour (Моть любовию исправленной) et par l’énergique polémique qui a suivi celle-ci dans les revues satiriques russes des années soixante. C’est cette polémique que nous nous proposons d’étudier, à partir d’extraits des périodiques impliqués dans l’affaire : Pot-Pourri, le Mélange, le Bourdon, etc.. (Всякая Всячина, 1769-70; Смесь, 1769; Трутень 1769-70, и пр...) Nous verrons de quelle façon les attaques dirigées contre Loukine sont intrinsèquement liées à la question de la traduction au XVIIIe siècle, à son statut ambigu à une époque qui cherche à représenter sur les planches les caractères nationaux, autant qu’elle se définit par son cosmopolitisme. Loukine est successivement accusé de plagiat inavoué de Destouches, et critiqué pour sa pratique même de l’adaptation, traduction infidèle ou imitation servile, quand ses défenseurs revendiquent les bienfaits des adaptations pour le développement du théâtre et de la langue russe, progressant par l’imitation. Si la pratique de l’adaptation, quoique participant à la recherche d’un théâtre « national », est effectivement problématique, la polémique qui l’entoure permet à ses ennemis et défenseurs de théoriser la pratique de la traduction littéraire et celle du théâtre. Ces théories, comme les trouvailles linguistiques nées des problèmes de traduction de Loukine, seront profitables aux grands auteurs « nationaux » de la fin du siècle. Ainsi, à travers l’œuvre de V.I. Loukine, nous pourrons envisager la traduction par son aspect imitatif, riche par la transmission des savoirs et des idées ; par son aspect créatif, comme principe de variation et de transposition, source de curiosités esthétiques et linguistiques ; et enfin par sa réception.

Theater Übersetzen. Lisa Schell.

ÜBER-SETZEN- von einem geschriebenen Text in die Sprache des Theaters. Dies ist ein ganz anderer Prozeß als das Lesen eines Textes, das Lesen einer Übersetzung. Die Sprache des Theaters besteht aus Mimik, Gestik, Aktion und Art und Weise der Aussprache. Um einen Text in die Sprache des Theaters zu übersetzen, bedarf es des Schauspielers, ohne ihn kommt diese Übersetzung auf die Bühnen, die die Welt bedeuten nicht zustande, sie wird von ihm verkörpert und dargestellt. Die Übersetzung eines Theatertextes in einen Bühnentext bedeutet, diesen Text in Aktion in eine Handlung zu übertragen. Nicht nur der bloße Wortinhalt ist dabei von Bedeutung, sondern die Art und Weise wie eine Figur sie zum Ausdruck bringt und mit ihm und durch ihn agiert, sie ihn im wahrsten Sinne des Wortes im Spiel verkörpert. Jedes Theaterstück ob Gegenwart oder Historie bedarf der Übersetzung in eine Inszenierung der Gegenwart. Von dieser Kunst der Übersetzung wäre zu sprechen oder besser gesagt, zu handeln.

BIOS:

Drew Eisenhauer is a Ph.D. (2009) in Literature from the University of Maryland, where he is lecturer in English. His dissertation on the avant garde and the plays of the Provincetown Players was directed by Jackson R. Bryer. Eisenhauer has published five articles and is co-editing with Brenda Murphy a proceedings volume from the 2010 American Literature Association conference. Drew has also presented numerous conference papers relating to politics and gender in early modernist American theatre, appearing recently at Colloque Théâtre et Nation at the Université du Maine, Le Mans, France, and Violence on Stage: III International Conference on American Theatre and Drama, Universidad de Cadiz, Cadiz, Spain.


Carole Chapin est allocataire-monitrice à la Sorbonne-nouvelle, où elle prépare une thèse de littérature comparée consacrée aux périodiques et à leur rôle dans les relations littéraires franco-russes au XVIIIe siècle (cf Conceptions et pratiques de la polygraphie dans les journaux russes et français au XVIIIe siècle, Actes du colloque de jeunes chercheurs La Polygraphie à l’époque moderne, Paris, 2009 (à paraître)). Elle enseigne à l’UFR de littérature française de Paris III et pratique parallèlement des activités de traduction et d’interprétariat littéraire et scientifique en russe, français et anglais (cf Colloque Elisabeth, impératrice de Russie, Paris, 11 et 12 décembre 2009, actes du colloque à paraître).

Lisa Schell,
Schauspielerin und Performerin Studium als Schauspielerin in München, Boston Harvard University, Performing arts und Berlin Weiterbildungsmanagenemt;, Trainerin für interkulturelle Kompetenz Schauspielerin in München, New York, Boston, Berlin, Ferrara, Sarajevo, Düsseldorf; zahlreiche internationale Theaterprojekte u. a. Theater der Welt 98 in Berlin, Kleist-Festtage Berlin-Brandenburg, Nationaltheater Sarajevo, Antiken-Zyklus Düsseldorfer Schauspielhaus, China trifft auf Düsseldorf, Israel-Projekt in Zusammenarbeit mit dem Düsseldorfer-Schauspielhaus, Theaterarbeit in Bosnien-Herzegowina, Gründung der Theaterkarawane Dromedar in Brcko, Gastspiele in Berlin, Sarajevo, Mostar, Zagreb, Belgrad, Graz; Auszeichnungen beim Theaterfestival Bukarest, Theaterfestival Sarajevska Zima, Sarajevo, Unesco-Preis im „ Jahr des Dialogs 2000 für Nathan in Sarajevo; Verschiedene eigene Bühnenprogramme als Schauspielerin und Performerin: u.a. Die Unerwartete – auf den Spuren der Philosophin Simone Weil; Rose Ausländer – Im Atemhaus wohnen ; Exil – mein Land, Inge Deutschkron, Emigranto; “Die Welten der Gertrud Kolmar “ ein szenisches Triptychon. Derzeit Mitarbeit an dem Film „Grenzorte der Kolmar“: In Vorbereitung: “Hotel Stern – They walk alone – The kindness of strangers in New York”.

samedi 3 avril 2010

le 10 mai à 18h: Soirée lecture avec Elmar Schenkel

(18h)
Lectures multilingues de textes autour d'un verre
(Cafétéria au 54, bd. Raspail)

Elmar Schenkel
(Auteur allemand, traducteur, directeur d'études à l'Université de Leipzig)
textes traduits et présentes par les étudiants du séminaire «Théorie et Pratiques de la Traduction » (EHESS) et leurs invités

BIO-Biblio:
Elmar Schenkel: né près de Soest en Westphalie, il a étudié des langues étrangères et la philosophie à Marburg et Freiburg. Il a enseigné en France, en Grande Bretagne, aux États Unies et en Russie. Depuis 1993 il travaille en tant que directeur d'études dans le département d'anglais de l’université de Leipzig. Il est co-éditeur de diverses revues littéraires et auteur de nobreux poèmes, contes, romans et livres de voyages. Il traduit également la poésie anglaise (Ted Hughes et al.) et écrit des contes pour les revues moscovites Schrumdi et Schrumdirum. Ses publications les plus récentes sont une biographie de Joseph Conrad (2007) et des monographies ayant pour thème le rôle de la bicyclette dans la littérature (2008) et les "excentriques" de la science (2009). http://www.uni-leipzig.de/~literatu/index.html?mitarb_schenkel.htm.

Liste de ses oeuvres en allemand:
dannn schreib ich dir welche auf:
Die andere Reise, Prosa, 1981
John Cowper Powys, Diss. 1983
Mauerrisse, Prosa 1985
In Japan -Reisetagebuch 1986
Blaenau Ffestiniog, Prosa 1987
Massachusetts, Reisebuch 1991
Sense of Place - Raum und Regionalitaet in der britischen Lyrik, Habilschr. 1993
Der aufgefangene Fall / Essays 1993
Blauverschiebung, Gedichte 1992
Der westfaelische Bogenschuetze, Roman 1998
Ein Laecheln und zwei Fragezeichen, indisches Reisetagebuch, 2001
HG Wells, der Prophet im Labyrinth, Biographie, 2001
Das sibirische Pendel / Reisen in Russland, 2005
Die elektrische Himmelsleiter, Essays 2005
Ichverspaetungen, Aphorismen, 2006
Fahrt ins Geheimnis, Joseph Conrad, Biographie 2007
Cyclomanie, Fahrrad und Literatur, Essay 2008
Stille Post und zurueck, Prosa 2008
Leise Drehung, Roman 2009

Uebersetzungen>-
Ted Hughes, Kraehe, 1986
- Basil Bunting, Briggflatts u. a. Gedichte, 1993
- Iain Crichton Smith, Segel aus Salz, Gedichte 2008
und weitere Gedichte von Michael Hamburger, Tessa Ransford, Glyn Maxwell
u.a.
aus dem Frz> Roger Caillois (ein Prosastueck)

le 11 mai, 9h: Atelier VIII: La traduction est-elle un travestissement du texte originel? (105, bd Raspail)

(9h-10h30)
Atelier VIII :
La traduction est-elle un travestissement du texte originel ?

(Amphithéâtre au 105, bd Raspail)

Présidente : Francoise Delignon (EHESS)
Translation as co-creation: What can myth tell us about the author? Julia Sushytska (États-Unis. Université de Redlands)
L’autotraducteur : passeur de mots, passeur de culture. Etude d’un essai de Jorge Semprún. Valérie Capdeville-Hounieu (France. Université de Pau)
Intercontextualité, traduction et le problème de la subjectivité à partir de la modernité. Rada Iveković (France. Université de St. Etienne)


Abstracts /Résumés/ Zusammenfassungen
Translation as co-creation: What can myth tell us about the author by Julia Sushytska.
The question of the text’s translatability arises only in the context where a strict distinction is maintained between the original and its copy, that is, it can emerge as a problem in the literary societies, or cultures build around phonetic alphabet.[1] It is in such cultures that the notion of authorship coalesces—the notion that includes the idea that an individual, or the self originates a literary work, and gives this work a specific form that ought to remain changeless throughout its consequent reproductions. Even if we are lead to believe that it is possible to adhere to this principle of the unalterability when we are dealing with the language of the original, we are faced with its inapplicability when it comes to translation—after all it is impossible to deny the difference between any two languages. If we were to consider the context of an oral culture, however, we would notice that in it there is no author, and so such problem. Its “texts”—myths—do not claim to have stable form. In fact, they cannot, since it is impossible to check them against any earlier instance of their iteration. Every oral text exists only in the process of being created. Moreover, it has multiple authors—each one reciting it becomes a co-author. Drawing upon these observations I will argue that we need to reconsider the opposition between the original and the copy in the literary culture. I will draw on the work of Gilles Deleuze who successfully challenges this dichotomy, thereby enabling us to rethink the notion of authorship: instead of one single author we need to conceive of a text as co-authored by both its readers and translators.
[1] Cf. Walter J. Ong, Orality and Literacy: The Technologizing of the Word, London: Routledge, 1991.

L’autotraducteur : passeur de mots, passeur de culture. Etude d’un essai de Jorge Semprún. Valérie Capdevielle-Hounieu.
On sait depuis Saussure qu’il n’y a pas d’équivalences exactes d’une langue à l’autre. La traduction, celle en particulier de textes ayant une dimension esthétique ou littéraire, est donc un art du saisissement et de la restitution toujours imparfaite d’une nuance. Qu’en est-il alors de l’autotraduction ? Cette question se pose essentiellement dans le cas des écrivains en langue seconde tels que Jorge Semprún, Espagnol dont la production est majoritairement en français. Carlos Fuentes se fait l’écho du fantasme d’autotraduction en s’ouvrant de la possibilité qu’aurait eue Jorge Semprún d’écrire et réécrire son premier roman, Le Grand Voyage, par le jeu de l’autotraduction. Chaque livre, l’original et originel en français, puis l’espagnol, puis une nouvelle traduction en français, et cela à l’infini, aurait été, de l’aveu de Semprún, « un livre différent ». Pourquoi l’autotraduction est-elle, au même titre que la traduction, une réécriture ? Du fait du bilinguisme et du biculturalisme de l’auteur concerné, ne pourrait-on attendre de l’autotraduction une plus grande fidélité au texte d’origine ? Est-elle en mesure de transcrire la part proprement culturelle d’une langue ? En a-t-elle d’abord l’intention ? Jorge Semprún a été une fois le traducteur de son propre texte. Il s’agit du récit de son expérience en tant que Ministre de la Culture du gouvernement de Felipe Gonzalez, Federico Sanchez vous salue bien (1993). Son statut de témoignage et de réflexion politiques et sociologiques expliquent en partie la spécificité de ce travail : entre fidélité au texte premier et liberté créatrice, c’est surtout la prise en compte et l’adaptation au lectorat visé qui ont présidé à l’écriture de Federico Sanchez se despide de ustedes. Pour satisfaire l’attente et favoriser la compréhension du lecteur espagnol dont les références sont différentes, l’écrivain réoriente son texte. Il conviendra donc d’analyser l’influence de la réception sur la traduction de Semprún du point de vue de la sélection des informations, des ajouts, de l’insertion de mots en français, etc. On s’attachera au discours métanarratif relatif à la traduction qui parsème le texte et à la comparaison des deux versions de l’essai afin de mettre en lumière le dialogue entre la langue/la vision du monde qu’elle véhicule et la traduction d’un texte.

Intercontextualité, traduction et le problème de la subjectivité à partir de la modernité. Rada Iveković.
La modernité fut l’une des grandes disjonctions qui ont gelé certaines normes historiques en les rendant exemplaires: depuis ce temps, la modernité occidentale (d’abord occidentale, puis “occidentale” et finalement “universelle”…) a construit une origine généalogique ininterrompue pour ses propres concepts et épistèmês en tant qu’”universels” pour les proposer/imposer à la planète. Dans le même temps, la figure du sujet est construite par une division et un partage porteur de significations opposées. A partir de la modernité, il y eut continuité pour l’”occident” et interruption pour les cultures, histories et langues non européennes. Pour ces dernières il n’y a en effet que discontinuité d’avec leurs propres antiquités, vu du point de la modernité occidentale. Les modèles d’exclusion, de sélection et d’exception de la modernité, qui posent le sujet comme une figure “autonome”, spéculaire et complémentaire à la souveraineté (étatique) n’ont pas complètement disparus aujourd’hui, et ils renvoient à un modèle hégémonique dominant. Nous voyons la traductions comme étant inhérente au langage, et non pas comme quelque chose qui se passe (simplement) entre les langues. C’est une négociation permanente de déplacements culturels et autres. Nous considérons alors qu’elle est intercontextuelle.

BIOS:
Julia Sushytska is Assistant Professor of Philosophy at the University of Redlands. Her research focuses on the problem of philosophy’s emergence in Ancient Greece, especially in the works of the pre-Socratics and Plato, as well as on the recent effort of Gilles Deleuze and Alain Badiou to rethink philosophy’s task. Her manuscript entitled Originary Metaphysics: Why Philosophy has not Reached its End is currently under review with Northwestern University Press. She has also written on the philosophical significance of Eastern Europe.

Valérie Capdevielle-Hounieu
: Doctorante en Langue et Littérature françaises à l’Université de Pau, Valérie Capdevielle-Hounieu travaille sur le bilinguisme et le biculturalisme de l’écrivain Jorge Semprún. Valérie Capdevielle-Hounieu a notamment communiqué et publié (en France et à l’étranger) autour des questions du métissage littéraire, de l’identité ou du renouvellement du genre autobiographique dans la littérature contemporaine. Membre élu du Conseil de la Recherche et du Conseil de l’Ecole Doctorale 481, Laboratoire de Poétique et histoire littéraire, Université de Pau et des Pays de l’Adour.

Rada Ivekovic, philosophe indianiste, directrice de programme, Collège international de philosophie, Paris, professeure à l’Université de Saint-Etienne, a enseigné dans plusieurs pays. Publications : Selection : La balcanizzazione della ragione, manifestolibri, Roma 1995; Le Sexe de la philosophie. Jean-François Lyotard et le féminin, L'Harmattan, Paris 1997; Autopsia dei Balcani. Saggio di psico-politica, Cortina, Milan 1999; Le sexe de la nation, Paris, Léo Scheer 2003; Dame Nation. Nation et différence des sexes, Ravenna, Longo 2003; Captive Gender. Ethnic Stereotypes & Cultural Boundaries, Delhi, Women Unlimited, 2005; with S. Bianchini, S. Chaturvedi, R. Samaddar, Partitions. Reshaping States and Minds, Routledge 2005; reprint Delhi 2007.

le 11 mai, 9h: Atelier IX: Traduction et arts visuels (54, bd Raspail)

(9h-10h30)
Atelier IX:
Traduction et arts visuels.

(salle 524 au 54, bd Raspail)

Président : Jean-Marie Gallais (EHESS)
The Labours of Translation: Towards Utopia in Bruegel's Tower of Babel. Vytas Narusevicius (Canada. University of British Columbia)
« On the collapse » : Mistranslation dans les arts. Sébastien Pluot (France. ESBA Angers / Université Paris I)
L’œuvre d’art comme parallaxe entre l’image et le langage: l'impossible traduction. Neli Dobreva (France. EHESS/NMAH-Smithsonian Institution, USA)

Abstracts /Résumés/ Zusammenfassungen
The Labours of Translation: Towards Utopia in Bruegel’s Tower of Babel by Vytas Narusevicius.
The two remaining paintings of the Tower of Babel by Pieter Bruegel the Elder appear to embody an anticipation of a multiplicity of tongues in the same way that theorist Louis Marin describes Thomas More’s Utopia as having an “anticipating, but blind, judgement.”[1] In other words, More’s Utopia and Bruegel’s Towers are not conventional representations of a realized vision, but rather they can be understood as a process where a utopian ideal is yet to be discovered. The utopian discourse that is present in the works of Bruegel and More allows a modernizing sixteenth-century society to represent itself critically to itself, thus becoming useful to its audience by enabling a kind of problem solving capacity to think through the emerging social, political and cultural changes. Bruegel’s paintings are clearly translating a biblical story into a ‘speaking picture’ by depicting a ziggurat-like tower reaching towards the heavens, yet at the same time they appear to be doing something more by recreating an event, albeit a mythical event, and its consequences. There is a multitude of sources that have come together to inform Bruegel’s original paintings, yet there is a multiplicity of contradictions depicted within them and, not surprisingly, there is a plurality of translations or interpretations. The point of departure for this paper is that within this multiplicity of tongues and labours of translation there is a kind of bewildering individual freedom that can be said to have risen out the ruins of Babel. Bruegel’s representation of the contrast between the floundering hubris of a King and the industriousness of his subjects involves the translating or re-authoring of the original story, which also implies a challenging of the authority of the original and the subsequent importance of both the process of translation and self-narration for any kind of social transformation. In Bruegel’s Towers, I am interesting in analyzing whether the notion of translation and labour can help locate how, and whether, these paintings speak in both a utopian spirit of social critique and to a resistance of authority.
[1] Louis Marin, Utopics: Spatial Play (New Jersey: Humanities Press Inc., 1984), 163.

« On the collapse » : Mistranslation dans les arts. Sébastien Pluot.
Depuis le mythe babélien d’une langue unique et universelle, les recherches d’une langue philosophique fondée sur les mathématiques de Leibnitz, les théories des correspondances, les efforts de Kandinsky pour élaborer une science de l’art basée sur un lexique universel, et plus récemment l’idéologie positiviste d’une traduction sans perte aidée par l’informatique, le fantasme d’une communication immédiate traverse chaque époque. Opposée à ce fantasme, l’opacité, la posture de l’ineffable et de l’indicible semble être le versant tragique de la transparence. Il sera question d’interroger la manière dont certaines pratiques artistiques ont dépassé ces deux postures pour proposer des formes dialectiques qui rejoint les formulations de Jacques Derrida lorsqu’il évoque la situation de double Bind inhérent à tout processus de traduction. Cette intervention reposera sur une exposition dont je suis co-commissaire « Double Bind, Arrêtez d’essayer de me comprendre », qui développe cette problématique au Centre National d’Art Contemporaine de la Villa Arson. (Février / mai 2010)

L’œuvre d’art comme parallaxe entre l’image et le langage : l’impossible traduction. Neli Dobreva.
En septembre 2002, l’artiste new yorkais Eric Fischl, connu depuis les années 1970 pour son travail figurative installe, au Center Rockefeller à New York, son nu féminin, grandeur nature, bronze, intitulé Tumbling Woman (2001-2), représenté en position de chute libre, soulevé à quelques mètres du sol, en apparence éternellement suspendue : un corps féminin qui chute, dans un moment insaisissable – juste avant de toucher le sol ! Après seulement une semaine d’exposition, la sculpture Tumbling Woman (2001-2), dédiée à une amie ayant périe dans les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, est couverte d’un drap et enlevée à cause de l’outrage publique. En contraste, un nu féminin d’Auguste Rodin, découvert parmi les restes humains et les débris des avions, à la déchèterie « Fresh Kills » de Staten Island, a été réhabilité malgré son état de fragment : une place spéciale dans la collection du New York State Museum, dédiée aux attentats, lui a été attribuée. La problématique que ces deux œuvres pose se reconnaît dans la thèse de l’« image à transformation » (Deleuze) : d’abord en termes du visuel (d’image plastique, du corps) et du réel ; deuxièmement, de représentation - qui est de l’ordre discursive et donc du langage (comment décrire l’horreur ?). Pourquoi ce corps fragmenté, morcelé (en termes de Lacan), du nu de Rodin n’a pas sollicité de l’outrage public, tandis que Tumbling Woman a été condamnée à être « voilée » ? C’est un exemple de conflit entre identité culturelle (le tabou qui plane sur l’image de la mort dans la société américaine dû à son discours d’exceptionnalisme) et transmission de formes de connaissance culturelle. Serait-ce un exemple qui fait figure de parallaxe comme illusion d’être capable d’utiliser le même langage pour des phénomènes qui s’expriment en perspectives et entre qui aucune synthèse ou médiation n’est possible (Kant, Zizek) alors que sur l’image il y a toujours l’ombre de l’écriture (Boehm) ? Ainsi, serait-ce démontrer, en termes Benjaminiens, « l’impossibilité de la théorie de l’image-copie », les limites mêmes de traduire le réel et sa représentation ?

BIOS:
Vytas Narusevicius is a PhD student at the University of British Columbia in Vancouver, Canada. His interests are in the notion of pedagogy as art, and in particular contemporary artists who use pedagogy and academic research as integral aspects of their artistic practices. Vytas is working with UBC faculty members, Serge Guibaut, Catherine Soussloff, and Bronwen Wilson. Prior to UBC, Vytas received a Master of Applied Art in Visual Art at Emily Carr University and has exhibited his artwork internationally.

Sébastien Pluot est historien de l’art et commissaire indépendant. Il enseigne à l’Ecole Supérieure des Beaux Arts d’Angers et à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne. Commissaire indépendant, il a réalisé récemment un programme de recherche et d’exposition intitulé Living Archives à l’Esba Angers et au San Francisco Art Institute. Ses textes ont été publiés dans différentes revues et catalogues (Include Me Out, dans Vides, une rétrospective, Centre Georges Pompidou, Kunsthall de Bern, 2009 / Wouldn’t that be Wonderful, actes du colloque Art Contemporain Design Contemporain, Haute école d’art et de Design de Genève, 2008). Il vient d’être lauréat de la Villa Médicis hors les murs.


Neli Dobreva
est Research fellow du National Museum of American History – Smithsonian Institution, Washington DC, Etats-Unis, affiliée au Centre d’histoire et théories de l’art de l’EHESS et ingénier d’études à la Fondation Maison des Sciences de l’Homme à Paris ; elle enseigne la Philosophie de l’art au Département d’Arts plastiques et sciences de l’art de l’Université Paris 1 « Panthéon-Sorbonne ». Son domaine de recherche est l’intersection des concepts du corps, de l’image et du réel chez Gilles Deleuze, Ludwig Wittgenstein et Jacques Lacan, et les discours des images des événements du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis (collections muséales, expositions).

le 11 mai, 11h: Atelier X: Politiques de traduction et enjeux de pouvoir : perspectives historiques (105, bd Raspail)

(11h-13h)
Atelier X :
Politiques de traduction et enjeux de pouvoir :
perspectives historiques.

(Amphithéâtre au 105, bd Raspail)

Président : Philippe Roussin (EHESS)
Les enjeux de la traduction de l’histoire au dix-neuvième. Trois versions françaises de Chronicle of the Conquest of Granada de Washington Irving. Ronald Jenn. (France. Université Lille III)
Traduction et communication des sciences sociales dans un monde babélisé : Tocqueville et De la démocratie en Amérique. Michaël Oustinoff (France. Université de Paris III)
Traduire les signes en sciences sociales. Sündüz Özturk Kasar (Turquie. Université technique de Yildiz /EHESS)
L’étrange cas de John Ruskin, ou comment les traductions en français ont « oublié » sa pensée politique et sociale. Bénédicte Coste (Angleterre. London City University)

Abstracts /Résumés/ Zusammenfassungen
Les enjeux de la traduction de l’histoire au dix-neuvième. Trois versions françaises de Chronicle of the Conquest of Granada de Washington Irving. Ronald Jenn.
Lors de son séjour en Espagne au sein du corps diplomatique des Etats-Unis d’Amérique (1826-1832), l’écrivain et Homme de Lettres Washington Irving (1783-1859) mena d’importants travaux de recherche et de documentation dans les archives récemment ouvertes qui donnèrent lieu aux publications suivantes : The Life and Voyages of Christopher Columbus (1828), Chronicle of the Conquest of Granada (1829) et Tales of the Alhambra (1832). Toutes furent publiées simultanément en France et aux Etats-Unis mais cette communication portera sur les trois traductions de Chronicle of the Conquest of Granada. Pourquoi ce texte est-il sélectionné et retraduit si fréquemment au dix-neuvième siècle ? Qu’advient-il de l’image positive des Maures et de la compassion pour eux démontrée par Washington Irving et du statut de pseudo-traduction du texte de départ ? De quelles valeurs le texte historique américain est-il investi ? Il s’agit de suivre ce texte historique dans ses mutations successives et de dégager les enjeux de la traduction par des Européens, en l’occurrence des Français, de l’histoire écrite par des Américains et en particulier de ce moment précis et symbolique qui précède la découverte de l’Amérique. Les outils méthodologiques utilisés dans le cadre de ces travaux seront : la stylistique comparée de l’anglais et du français pour les études micro-textuelles, l’histoire du livre pour le profil des maison d’éditions et les stratégies éditoriales, la sociologie de la traduction ainsi que les études post-coloniales appliquées à la traduction.

Traduction et communication des sciences sociales dans un monde babélisé : Tocqueville et De la démocratie en Amérique. Michaël Oustinoff.
Dans un rapport intitulé « Language Matters » (2009), la British Academy s’inquiète de ce que les chercheurs britanniques soient de moins en moins compétents en langues étrangères, ce qui les condamne, à terme, à être « mondialement connus dans un seul pays ». Le tout-à-l’anglais n’est pas une solution, c’est une impasse[1]. L’anglais occupe une place centrale pour longtemps. Mais cette langue, dans l’absolu, n’a pas d’existence concrète. Tocqueville nous le signalait déjà dans De la démocratie en Amérique en intitulant un chapitre « Comment la démocratie américaine a modifié la langue anglaise »[2]: Britanniques et Américains ne sauraient parler la même langue, car ils vivent dans des sociétés différentes. Les traductions anglaises de De la démocratie en Amérique en sont la vivante illustration. La première, effectuée par Henry Reeve et relue par l’auteur, constitue une anglicisation de l’œuvre, alors qu’elle aurait demandé, par définition, une américanisation — en termes politiques, et pas seulement linguistiques. L’historique des traductions de l’œuvre en anglais peut se lire comme autant d’américanisations successives dont la dernière, par Arthur Goldhammer, remonte à 2004. Cette traduction est excellente, mais elle ne saurait supprimer la part d’intraduisibilité radicale au sein des langues anglaises, ni par rapport aux autres langues. C’est pourquoi nous contrasterons également l’original et ses versions anglaises avec d’autres, et notamment celles en portugais, en allemand et en russe en nous inspirant de la démarche adoptée par le Social Science Translation Project[3]. La traductologie considère de plus en plus la traduction non en tant que simple reproduction de l’original mais comme une transformation recréatrice. C’est dans cette optique que l’on se placera, avec toutes les implications que cela représente pour l’interprétation et la réception des textes de sciences humaines au regard de la communication scientifique dans un monde en voie de rebabélisation.
[1] Voir Joanna Nowicki, Michaël Oustinoff (dir.), Traduction et mondialisation. Volume 2, revue Hermès, 49, Paris, CNRS Éditions, 2007 et Nowicki, J. , Juremir Machado da Silva, Oustinoff, M. (dir.), Traduction et mondialisation. Volume 2, revue Hermès, 56, Paris, CNRS Éditions, 2010 (à paraître).
[2] Voir Michaël Oustinoff « De la démocratie en Amérique et l’intraduisibilité de l’anglais », Hermès, 56, 2010 (à paraître).
[3] Voir Michael Henry Heim et Andrzej W. Tymowski, Guidelines for the Translation of Social Sciences, American Council of Learned Societies, 2006.
En ligne sur : <
www.acls.org/uploadedFiles/Publications/Programs/sstp_guidelines.pdf>.
Disponible également en arabe, en chinois, en espagnol, en français, en japonais, en russe et en vietnamien.

Traduire les signes en sciences sociales. Sündüz Özturk Kasar.
“La langue est formée des signes” nous a appris la linguistique moderne. Le discours actualise ces signes qui vivent virtuellement dans le cerveau des locuteurs faisant partie de la mémoire d’une communauté linguistique. Le traducteur traduit alors ces signes actualisés par un discours d’origine, autrement dit ramenés par un sujet producteur à un moment de l’instance précis et dans des circonstances précises. Le traducteur qui prend en main ce discours initial est, à son tour, sujet de son propre discours (de nature secondaire); il le reproduit à un autre moment de l’instance et dans d’autres conditions. Alors superposition des sujets producteurs, des moments d’énonciation et des coordonnées discursives; ainsi définie, la traduction apparaît comme un hyperdiscours, c’est- à -dire dire qu’elle se construit sur un autre discours. Lorsqu’il s’agit des textes de sciences sociales, cet hyperdiscours s’avère, de surcroît, métalinguistique puisqu’il réactualise le langage d’un domaine de connaissances traité dans l’original. Maintes difficultés qui rendent la traduction théorique tâche difficile. Les débats poursuivis depuis des siècles autour de la question de savoir si l’on traduit le sens ou la forme sont en fait vaines puisque le signe linguistique est une unité indissociable formée d’un signifiant (image acoustique) et d’un signifié (concept). Donc on ne peut transmettre les concepts sans traduire convenablement leur appellation ni traduire les termes sans en rendre le contenu. Ce principe initial est fondateur pour une sémiotique de la traduction. Et si un signe quelconque n’existe pas dans la langue d’accueil? Former un terme pour construire un concept, voilà une épreuve cuisante qui attend le traducteur théorique. Pourrait-il proposer une traduction “relevante” comme le dit Jacques Derrida? Je voudrais traiter de ce sujet en essayant de l’illustrer par des exemples que je tirerai de mes propres expériences, à savoir mes traductions turques de Maurice Blanchot, de Roland Barthes et de Paul Ricœur ou des projets de recherche que j’ai menés à bien dans le cadre de mes cours de doctorat intitulés “Traduction théorique en sciences sociales” et “Sémiotique de la traduction” que j’assure à l’Ecole doctorale de l’Université technique de Yildiz à Istanbul.

L’étrange cas de John Ruskin, ou comment les traductions en français ont «oublié» sa pensée politique et sociale. Bénédicte Coste.
Cette proposition d’intervention est consacrée à la traduction en français des textes sociaux et politiques de John Ruskin (1819-1900), ou plus précisément au très petit nombre de traductions parues depuis la fin du XIXe siècle. Ruskin n’est pas uniquement un critique d’art influent de la seconde moitié du XIXe siècle, il a également rédigé de nombreux textes consacrés à l’économie politique. Alors que son autobiographie (Praeterita) et les textes consacrés à la critique d’art ont été partiellement traduits au début du XXe siècle, les textes constituant Munera Pulveris ou certaines lettres de Fors Clavigera demeurent inconnus du lectorat francophone. A l’exception de Sesame and Lilies, et d’Unto This Last[1] les textes traitant de politique et de sciences sociales n’ont pas été traduits. Toutefois, l’intérêt pour Ruskin a persisté tout au long du XXe siècle. C’est dans la perspective de traductions partielles et d’articles présentant sa pensée sociale que nous souhaiterions interroger la réception française de J. Ruskin. L’ouvrage de R. de La Sizeranne, John Ruskin et la religion de la beauté, les traductions de M. Proust (Sésame et les lys ; La Bible d’Amiens), de M. Crémieux (Les Pierres de Venise) nous ont légué la figure d’un critique d’art au détriment de la pensée politique de J. Ruskin. Les traductions éparses et parcellaires de ses textes politiques ne semblent pas avoir suscité de projet de plus vaste ampleur, alors que l’apport de Ruskin aux sciences et aux pratiques sociales existe. C’est cette a généalogie que nous souhaitons retracer. Nous présenterons les textes traduits et examinerons leur traduction, ainsi que les articles ou les ouvrages en français consacrés à la pensée de Ruskin, afin d’analyser les raisons de ce qu’il faut bien qualifier de refoulement.
[1] ″Unto this last″, quatre essais sur les premiers principes d'économie politique, par John Ruskin, traduction de l’abbé Peltier. Introduction de H.-J. Brunhes, 1902.

BIOS:
Ronald Jenn est Maître de Conférences à l’Université Charles de Gaulle Lille-3 où il enseigne la traduction et la traductologie. Ses recherches portent sur l’influence de l’idéologie sur les traductions depuis la fin du dix-huitième jusqu’à nos jours. Il s’intéresse également aux échanges entre la France et les Etats-Unis via la traduction. Il est aussi traducteur des nouvelles de Nathaniel Hawthorne inédites en français, traduites en collaboration, doivent paraître en 2010. Membre du CECILLE.

Sündüz Ozturk Kasar, Maître de Conférences habilité, docteur de l’EHESS (Paris), chef adjoint du Département de Traduction et d’Interprétation de Français de l’Université technique de Yildiz (Istanbul), travaille essentiellement dans les domaines de la linguistique, de la sémiotique et de la traductologie. Elle a publié plusieurs livres et articles dans différents pays en même temps qu’elle a traduit en turc des livres de Maurice Blanchot, de Roland Barthes et de Paul Ricœur.

Michaël Oustinoff est maître de conférences HDR à l’Institut du Monde Anglophone de Paris 3 Sorbonne Nouvelle, membre du TRACT (Paris 3) et de la Rédaction en chef de la revue Hermès, CNRS Editions, dont il a notamment supervisé le numéro 51, L’Epreuve de la diversité culturelle et les numéros 49 et 56 de Traduction et mondialisation, dont le deuxième volume est à paraître en 2010. Il est également l’auteur de Bilinguisme d’écriture et auto-traduction : Julien Green, Samuel Beckett, Vladimir Nabokov (Paris, L’Harmattan, 2001) et de La traduction (Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 3e édition 2009).

Bénédicte Coste est victorianiste, membre d’EMMA (Etudes montpelliéraines du monde anglophone, EA 741) et enseigne la traduction à City University (Londres). Traductrice de Walter Pater, elle traduit actuellement The Seven Lamps of Architecture, ce qui l’a conduite à s’intéresser à la réception française de Ruskin.